Pastel (moderne), 1961

49.00 cm. x 64.00 cm. | 19.29 in. x 25.2 in. (papier)

57.00 cm. x 72.00 cm. | 22.44 in. x 28.35 in. (cadre)

Pastel, mine de plomb et grattage
Œuvre encadrée : 57 x 72 cm
Support: carton baryté contrecollé sur panneau de bois.

Hans Hartung (1904-1989) né en Allemagne, appartient à la seconde génération des artistes de l’abstraction. Il a vingt et un ans lorsqu’il assiste à une conférence de Kandinsky (1866-1944) qui le conforte dans cette voie découverte et expérimentée dès son adolescence. Il fuit son pays natal à cause du nazisme et arrive à Paris en 1934. Il y vit et travaille dans des conditions misérables. Au début de la Seconde guerre mondiale, il s’engage dans la Légion étrangère, il est blessé à Belfort en 1944 et sera amputé d’une jambe. Il est naturalisé français, au sortir de la seconde guerre mondiale.
Pour Hartung, l’abstraction est une évidence naturelle, pourrait-on dire. Il l’a expérimenté très jeune, sur ses cahiers d’écolier.
Incarnation de l’expressionnisme abstrait, les peintures de Hartung deviennent moins « révoltées » au début des années 50. A la fin de cette décennie, il pratique le pastel d’une manière toute particulière, ce dont témoigne l’exceptionnel dessin que nous proposons, qui date de 1961.
Suivant son habitude prise en 1933, Hartung titre avec une lettre et l’année de création et un numéro d’ordre. Ainsi, il évacue totalement la question de la narration ou du rapport à la réalité en art qu’induit, de fait, un titre.
En revanche, dans cette manière de titrer, la question du temps n’est pas évacuée. Hartung veut ainsi placer ses œuvres dans un continuum et pouvoir garder la trace non d’un progrès mais plutôt d’une évolution.
Hartung a été d’abord un dessinateur avant d’être un peintre. D’ailleurs d’une certaine manière ses gestes de peintre sont peut-être plus des gestes de dessinateur.
Hartung fait exister de manière visible et palpable l’énergie, le mouvement, ce que la main, l’âme ou l’esprit peuvent coproduire ensemble.
Hartung fait exister un processus, une matérialisation de la création dans le temps, une pulsation. Les futuristes avaient besoin de la figuration pour représenter le mouvement ; Hans Hartung n’en a pas besoin.
Comme si Hartung faisait exister des phénomènes, raison pour laquelle son art est fascinant. Une œuvre de Hartung peut-être considérée comme un phénomène, au sens étymologique du terme, c’est-à-dire « ce qui se montre », pour rester dans le langage de la phénoménologie telle que le philosophe Husserl (1859-1938) la définissait.
On ne peut s’empêcher d’imaginer le process de l’artiste. On comprend que dans la partie droite, le jaune est recouvert par le noir et donc a été posé antérieurement, on suppose un sens de création de gauche à droite. L’exécution est prodigieuse. A partir de 1957, Hartung emploie très largement le pastel gras dont la texture lui permet une expression libre sur le papier sans le déchirer. C’est là une caractéristique remarquable des dessins de Hartung : sûreté du geste, puissance maîtrisée et nécessaire part d’improvisation dans l’exécution de l’œuvre.
Les pastels de Hans Hartung ont très vite fait l’objet d’expositions, comme en 1959 à la Kleemann Galleries à New York. L’artiste y présentait des pastels aux lignes parallèles de différentes épaisseurs et intensités avec des espaces entres elles. Dans l’œuvre que nous proposons, Hartung systématise ce procédé en un déroulement continu de faisceaux de lignes.
L’autre procédé remarquable, outre la virtuosité associée à la puissance et à la rapidité, est le grattage c’est-à-dire l’enlèvement de matière. Dans ses œuvres peintes, il opère par grattage dans la matière picturale encore fraîche. Dans ses dessins, il gratte le support même, ici un carton baryté, utilisé par les photographes et apprécié pour sa solidité et sa blancheur pérenne grâce à un minéral qu’il contient –le sulfate de baryum.
Le résultat de ses « griffures » est d’une élégance graphique remarquable.
Cette œuvre de Hans Hartung réunit des traits plus ou moins appuyés, présents, ou plus légers, jusqu’à ces stries griffées, enlèvements de matière qui sont aussi signifiants que les silences en musique.

L’oeuvre est en très bon état
Signée à la main par l'artiste
Certificat d'authenticité

Ref : LCD4838